Démission du chef de la police fédérale canadienne suite à l'affaire Arar
AFP 06.12.06 | 21h27

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Le chef de la police fédérale canadienne Giuliano Zaccardelli, dont l'opposition réclamait le départ, a été contraint à démissionner mercredi à cause de son rôle dans l'affaire d'un Canadien expulsé en Syrie par les Etats-Unis après avoir été suspecté à tort de liens avec le terrorisme.

Le commissaire Giuliano Zaccardelli "m'a soumis aujourd'hui sa démission et je l'ai acceptée", a annoncé le Premier ministre Stephen Harper devant la Chambre des Communes, en soulignant qu'il était dans "l'intérêt de la Gendarmerie Royale du Canada, qui fait face à d'importants défis dans le futur, d'avoir un nouveau leader".

L'opposition unanime avait réclamé la veille le limogeage de M. Zaccardelli, chef de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), après que celui-ci eut admis avoir fourni un témoignage erroné devant une commission parlementaire.

M. Zaccardelli avait déclaré mardi qu'il n'avait pas l'intention de démissionner, mais ses jours à la tête de la GRC étaient comptés, le Premier ministre, qui lui avait jusque là exprimé sa confiance, s'étant déclaré "surpris et préoccupé" par ses nouvelles déclarations.

Le chef de la GRC était déjà sur la sellette depuis qu'un rapport d'enquête avait montré en septembre que la police fédérale avait fourni aux Etats-Unis des renseignements erronés qualifiant M. Arar, un citoyen canadien d'origine syrienne, d'extrémiste islamiste .

Celui-ci avait été arrêté par les autorités américaines en 2002, alors qu'il faisait escale à New York, puis expulsé par les Etats-Unis en Syrie où il a été détenu pendant près d'un an et torturé.

Le rapport d'enquête du juge Dennis O'Connor avait lavé M. Arar de tout soupçon et conclu que les informations inexactes transmises par la GRC avaient "vraisemblablement" conduit à la décision américaine de l'expulser.

Lors d'une audition, mardi, devant une commission parlementaire, M. Zaccardelli avait reconnu que son précédent témoignage devant la même commission fin septembre contenait des erreurs.

"J'ai réalisé que mon témoignage (de septembre) n'était pas aussi précis qu'il aurait dû l'être et que j'avais fait une erreur", a-t-il dit.

M. Zaccardelli a affirmé mardi n'avoir appris que lors de la publication du rapport d'enquête, cet automne, que les informations transmises aux Etats-Unis concernant M. Arar étaient erronées.

Lors de son précédent témoignage, il avait dit l'avoir appris peu après l'incarcération de M. Arar en 2002, soit quatre ans plus tôt. La première version du chef de la GRC soulevait la question de savoir pourquoi il n'avait rien entrepris pour faire libérer M. Arar, s'il avait su que celui-ci n'avait rien à se reprocher.

La démission de M. Zaccardelli sera effective au 15 décembre.